Une ruelle étroite.

- Arrête un peu. T'as vraiment de la chance que ce soit moi.

Ils arriveront dans la grande salle.

Il se dévoile. Tout le monde peut être sous polynectar, mais tout le monde n'est pas métamorphomage. C'est sans aucun doute Gaia.

- Bonsoir Gaia.

Et, à son tour, elle change de forme, pour sous sa forme originelle.

- Bonsoir Connor.

Elle se décolle du mur et s'avance un peu plus.

- Je pense que nous avons de nombreuses choses à nous dire.

Il affiche un léger rictus.

- En effet. J'ai cru comprendre que le ministère se mêlait de ce qui ne le regarde pas.

Sa voix est emplie d'animosité. Il n'a jamais vraiment porté le ministère dans son coeur, et c'est encore moins le cas maintenant.

- Et quelqu'un nous a vendus.

Elle met un temps pour répondre, fermant les paupières quelques secondes, les bras croisés, avant d'ouvrir les yeux et de finalement parler.

- Exact. Et la faute nous revient directement à nous, Professeurs de Poudlard. Auguste nous a dénoncé. A partir de là, le Ministère a été au courant de cette expédition, et de tout ce qui y touche de près comme de loin. Comme les Croisés, par exemple. Une erreur. Une simple erreur, qui a fait tomber le château de cartes si difficilement confectionné. Il est inutile de s'excuser maintenant que tout est acté. Les faits sont là, et il faut juste les expliquer. Alors je le fais.

Gaia garde les bras croisés mais ses yeux cyan, eux, se posent sur son interlocuteur. Impassible, comme toujours.

- Le Ministère va être sur l'affaire. Et tu vas devoir croiser sa route.

Il ne semble pas particulièrement réagir lorsqu'Auguste est énoncé. Soit, il s'occupera de lui en temps et en heure. La trahison a toujours été le pire des crimes.

- Vous devriez apprendre, tout comme moi, de cette erreur. Je m'étais éloigné de Poudlard pour rallier le maximum d'hommes possibles depuis Owunglärd, je ne me considère donc fautif d'aucune manière. Pas plus que vous Gaia. Philip aurait dû mieux choisir ses alliés.

Il lui est simple de deviner qui a choisi Auguste, par élimination.

- Je croiserais sa route, et ils croiseront la route de toute la croisade. Heureusement pour eux, ils seront du bon côté. Mais je n'ai aucune confiance. Ils ne savent pas rester en place, ils tenteront de s'emparer des ossements d'une manière ou d'une autre.

Il se gratte la barbe, pensif.

- Le ministère est désormais un problème. C'est la seule et unique fois qu'ils interfèrent dans les affaires de la croisade. Toutes les informations qu'ils ont pu acquérir sont les seules qu'ils n'auront jamais. Quand à vous, à Poudlard... disons que seuls les plus fiables ont le droit d'agir pour le bien.

Elle acquiesce, simplement.

- J'ai également un peu de mal avec cette institution, et je peux donc très bien te comprendre. Entre tous les groupes formés qui ont chacun leurs propres objectifs, la chose est complexe à correctement mener. Poudlard agira pour Poudlard et uniquement pour elle, en priorité. Comme nous l'avons toujours fait.

L'Italienne avant entendu et écouté le jeune homme, ses explications, ses conclusions. tout. Elle décroise les bras.

- J'imagine qu'ils ne pourront jamais avoir l'entretien voulu avec toi. La convocation qui t'a été donnée complexifiera les choses. Mais tu fais ce que tu veux. Et quand on connait ton point de vue...

- J'ai du mal avec un groupe prétendant être la loi, et faire régner la justice lorsque leurs actes frisent l'incompétence. Les croisés étaient la lors de l'attaque du train, pas eux. Et lorsque les croisés ne sont pas présents, ce sont les acréanteurs qui sauvent Poudlard en Grèce sous les yeux du ministère impuissant une fois de plus. Bon sang, les élèves se sont mieux défendus que les aurors.

Il sourit légèrement.

- La seule chose qui me fera venir au ministère de mon plein gré est un ordre de mes supérieurs. Aucun d'entre eux n'a eu d'entretien avec le ministère. L'affaire est pliée.

- Bien. L'affaire est pliée, dans ce cas. Les Professeurs ayant été depuis le début engagés dans cette affaire, à savoir Délima, Philipp et moi-même, resterons les seules personnes à qui faire confiance par rapport à tout ça. De même, les élèves concernés sont curieux, et beaucoup trop. Ils veulent des réponses à leur questions, réponses qu'ils auront surement après l'affaire du Japon. Je crains qu'ils ne veuillent, dans un élan d'idiotie ou d'irresponsabilité, nous accompagner quand même sur certains points. Nous verrons comment le tout se présentera. Il ne devrait y avoir aucun problème.

- Bien entendu, si Philip choisit mieux ses alliés à l'avenir.

Il regarde derrière lui.

- Les enfants peuvent avoir envie de vous suivre, le faire c'est différent. Ils ne pourront jamais y aller sans notre accord.

- Nous étions du même avis que lui, la faute nous revient également. Nous ferons bien attention, à l'avenir. Quant aux enfants, oui, techniquement, ils sont incapables de faire quoique ce soit.

- Bien. J'ai confiance en vous. Je ne suis peut-être plus membre du personnel de Poudlard, mais nous restons alliés.

- Pareillement, la confiance reste réciproque.

Elle se décale, pour un instant revenir dans l'ombre, les bras toujours croisés.

- Je pense que nous n'avons plus rien à nous dire, et que, dans tous les cas, tu as d'autres choses à faire.

- En effet. Je compte joindre Alan à l'expédition. Il nous sera d'une grande aide, et je place toute ma confiance en lui.

- Je ne suis personnellement pas de cet avis. Même si il pourrait apporter bien de l'aide. Je ne lui fait pas autant confiance. C'est un risque que tu prends en faisant ça. Regarde Philipp, qui plaçait sa confiance en Auguste.

- La vie est faite de risques. Je ne prends jamais de risques inconsidérés. Alan m'a beaucoup enseigné, c'est comme un mentor pour moi. Philip ne connaissait pas autant Auguste. En plus d'être alcoolique, il ne travaillait plus à Poudlard. Il nous a trahis pour décrocher son poste au ministère plus facilement. Quel intérêt pour le directeur de Serdaigle de trahir Poudlard.

- Rien n'est sûr, et mon avis ne changera pas là-dessus. Mais tu es un grand garçon, tu as des responsabilités, tu fais tes propres choix, et je ne suis ni ta mère ni ta collègue pour te reprocher quoique ce soit.

Gaia réajuste le col de sa veste.

- Ni le ministère.

Ajoute t-il avec une pointe d'ironie.

- Bien, je pense que le moment est venu de vous souhaiter bonne soirée.

- Bonne soirée à toi aussi, Connor.

Et c'est Gaia qui partira la première, en prenant littéralement son nvol, métamorphosant son enveloppe corporelle en celle d'un Faucon, se fondant dans la nuit pour rejoindre tranquilement Poudlard.

Une voix familière retentit.

- Quel était le premier objet contenu dans votre armoire que vous m'avez présenté ?